Quel est votre métier ?
Je suis médecin. Après avoir initialement validé le diplôme de médecine générale, j’ai ensuite pu m’orienter en médecine du sport. Dans le cadre du DESC (diplôme d’études spécialisées complémentaires) médecine du sport j’ai pu travailler au centre national du rugby auprès des joueuses et joueurs du plus haut niveau mais aussi pour les jeunes pousses en devenir. La dernière particularité de mon métier, j’exerce au sein du Service de Santé des Armées : j’ai pu avoir donc une formation à la médecine de « guerre ».
Pouvez-vous présenter votre parcours d’arbitre ?
Outre l’initiation à l’arbitrage lors des tournois triangulaire U15, j’ai débuté l’arbitrage quand je suis rentré sur les bancs de la fac en 1ère année. Bon, la première année je n’ai arbitré que 2 rencontres seulement… J’avais de la chance car le responsable de mon secteur était de mon club Beaurepaire (Isère). Après m’avoir incité à prendre le sifflet, Jean-marc m’a ensuite épaulé toute au long de mon parcours, et même jusqu’à venir me voir sur un match de fédérale 1, cette saison. Je l’en remercie d’ailleurs de m’avoir permis de partager toute cette expérience.
Outre les différents examens d’arbitrage passés (stagiaire, régional et fédéral), j’ai pu avoir la chance de participer au pôle France arbitrage depuis plusieurs saisons, aujourd’hui académie nationale d’arbitrage. Au sein de ces rencontres, nous travaillons avec les joueurs et les joueuses des pôles France sur la règle, le jeu, dans l’intérêt de tous. C’est vraiment formidable de pouvoir toujours échanger avec eux aujourd’hui, qui pour certains évoluent au plus haut niveau.
Sur le plan des responsabilités dans mon parcours, puisqu’il est normal que ceux qui ont de l’expérience la partage avec les plus jeunes pour les faire progresser , et les fidéliser, j’ai eu aussi plusieurs fonctions bénévoles au sein du comité de rugby du lyonnais, animateur de secteur, responsable de secteur, de la formation des arbitres universitaires de l’académie de Lyon, puis de la formation des arbitres de tout le comité du lyonnais.
Bien entendu, le rugby existe aussi dans les Armées : nous avons donc un groupe d’arbitres militaires avec qui nous travaillons lors de stage et de rencontres de rugby nationales et internationales.
Enfin, je n’oublierai pas dans mon parcours ma participation à un débat – échange avec la fédération française des supporters de rugby de l’an dernier. Je trouve leur démarche formidable d’inviter un arbitre pour répondre à leur questionnement de règles, et toujours en pleine convivialité !
Est-ce qu’il y a des similitudes entre vos deux activités ?
Bien que les deux activités soient vraiment différentes sur le papier, l’une est bénévole et l’autre professionnelle, il y a beaucoup de similitudes entre elles, notamment la prise de la meilleure décision possible en fonction du contexte présent en quelques secondes. Ces situations sont le propre de l’arbitrage et de la médecine de terrain (sport, urgence, guerre). Les autres similitudes sont dans la rencontre des personnes ou encore la volonté d’échanger, de transmettre l’expérience acquise. Ce compagnonnage existe de la même manière au sein de l’arbitrage et de la médecine, tout comme la solidarité.
Le management d’une équipe médicale et de l’équipe arbitrale (en fédérale 1 l’équipe est composée de 4 personnes sur le terrain (1 central, 2 assistants et 1 représentant fédéral) puis du coach et/ou du superviseur ) ou encore des deux équipes sur le terrain s’apparente également
Est-ce-que votre pratique de l’arbitrage vous aide dans votre métier au quotidien ?
J’ai débuté l’arbitrage en débutant les études de mon métier actuel… Pendant 10 ans j’ai pu avancer sur les deux tableaux. En fait j’ai envie de dire que l’arbitrage fait partie intégrante de mon métier. Les deux activités sont exigentes mais le fait de préparer son sac, d’aller jusqu’à 1400km de la maison pour une partie de ballon ovale, rencontrer des gens nouveaux ou retrouver des connaissances, de croiser ou de retrouver sur une aire d’autoroute des collègues arbitres, permet aussi de se ressourcer pour les semaines suivantes. Une phrase chère au monde de l’arbitrage : « tant vaut l’homme tant vaut l’arbitre » est aussi importante à mes yeux dans ma pratique médicale.
Comment parvenez-vous à concilier vos deux activités, qui nécessitent beaucoup d’engagement, avec votre vie personnelle et familiale ?
J’ai toujours eu une vie dynamique sur les quatre coins de la métropole… Mes amis et ma famille le savent bien. Plutôt que de parler d’égoïsme, je parlerai d’équilibre. Le monde de l’arbitrage et du rugby m’a transmis beaucoup de valeurs qui me servent dans la vie quotidienne et professionnelle. Bien entendu il faut savoir doser les différentes posologies de famille, de rugby, de travail pour que les liens ne se perdent pas. Ce n’est pas toujours évident, je vous l’accorde. Mais l’arbitrage permet aussi de découvrir les atouts des différentes régions de notre belle France en famille ou entre amis. Tout est question d’équilibre
En tant qu’arbitre, dans un contexte où le respect des règles est particulièrement important, auriez-vous un message à faire passer ?
En tant qu’arbitre je reste chez moi… alors faites comme moi svp. Si tout le monde respecte les consignes données, on se retrouvera au plus vite sur les terrains pour partager d’excellents moments. Quand on arbitre il y a des actes qui sont dans l’inacceptable et pour lesquels on se doit d’être intransigeant notamment pour l’intégrité physique des joueuses/joueurs : ne pas respecter les consignes données par les responsables politiques pour notre santé fait partie de l’inacceptable.