A l’occasion de son match Pays de Galles / Angleterre, au centre, Mathieu Ryanal nous a accordé une interview exclusive pour Tous Arbitres.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mathieu Raynal (41 ans), arbitre international de rugby et de TOP14.
J’ai commencé l’arbitrage à 20 ans, après une carrière de joueur. Je suis en division professionnelle depuis 2007 et international depuis 2012.
Vous avez été désigné comme arbitre central pour le match du Pays de Galles contre l’Angleterre, que ressentez-vous ?
C’est fabuleux d’y être !
Même si je suis habitué à arbitrer ces matchs-là, c’est toujours très bon d’être dans le Tournoi. C’est une compétition historique, la plus belle au monde.
Pour ce match, la préparation ne change pas. Mais c’est plutôt le contexte qui change car la caisse de résonance réelle est plus importante qu’un match de Top 14 ou qu’un match de Coupe d’Europe. Le tournoi est suivi par toute la planète. Pour autant, ça ne modifie en rien la manière dont je me préparais le week-end dernier, et dont je me préparerai le week-end suivant.
Vous avez précédemment arbitré l’Angleterre lors de son match contre l’Italie. Devenez-vous un spécialiste du jeu anglais ? Cela est-il un avantage pour vous d’arbitrer une même équipe ?
J’arbitre les Anglais tous les ans quasiment. Sur les 2 derniers Tournois des VI Nations, j’ai arbitré l’Angleterre 2 fois contre les Irlandais et je les arbitre aussi sur les tournées en novembre ou en juillet.
De plus, j’arbitre les joueurs en Europe dans leurs clubs respectifs ou en Top 14, je les connais plutôt bien et ils me connaissent aussi. On est habitués à travailler ensemble.
Quand on est arbitre international, on regarde tous les matchs avec le staff. On étudie toutes les rencontres et toutes les équipes. Ce n’est ni un avantage ni un inconvénient. Mais j’ai de l’expérience avec eux, je ne pars pas dans l’inconnu.
Le stade du Pays de Galles est situé en plein centre-ville de Cardiff et a la possibilité d’être couvert. Vous préférez arbitrer avec le toit ouvert ou fermé ?
En tant que fan de rugby mais aussi arbitre, je veux que l’ambiance soit incroyable !
J’ai déjà arbitré plusieurs fois les Gallois dans ce stade. C’est le plus beau stade du monde.
Quand le toit est fermé, l’ambiance, l’atmosphère est incroyable. Il n’y a pas d’égal dans le monde du rugby même s’il y a des stades qui sont magnifiques.
Là, si le toit est fermé face à l’Angleterre, ce serait fantastique donc si ça ne tenait qu’à moi je souhaiterais qu’il soit fermé, mais je crois que c’est l’équipe visiteuse qui décide. Dans tous les cas, il est prévu qu’il fasse beau, donc ça sera de toute façon un grand match…
Le jeu et les règles évoluent en permanence. Quelle est la dernière tendance en 2023 ?
Les règles ne changent pas. Mais ce sont des précisions qui sont apportées chaque année, qui vont toujours dans le même sens : que ça soit pour favoriser la continuité ou la rapidité du jeu, augmenter le temps effectif, préserver la sécurité des joueurs et préserver l’équité dans la lutte. Ce sont les piliers fondamentaux des consignes qui sont données.
Avez-vous le sentiment que c’est le dernier test avant le Mondial en France en septembre ?
Non, il en reste beaucoup ! Il y aura la tournée d’été et aussi une partie du Rugby Championship, donc les équipes comme les arbitres, nous ne voyons pas ce Tournoi comme les derniers matchs avant le Mondial.
C’est les 6 Nations, c’est un tournoi majeur, c’est un Mondial condensé, c’est très disputé, et il y a une ferveur incroyable autour du Tournoi. C’est la compétition majeure à mes yeux en tout cas.
Avec votre parcours depuis 20 ans, quels conseils donneriez-vous à un jeune arbitre pour qu’il puisse s’inscrire dans la durée ?
Je n’ai pas de conseil à donner aux jeunes pour arriver au plus haut niveau. Moi j’ai tracé mon chemin tout seul, mais j’ai travaillé avec beaucoup de rigueur et d’ambition. Et je prenais du plaisir dans la performance, dans le fait de rendre des copies très propres.
J’espère juste que les gamins qui viennent à l’arbitrage le font pour les bonnes raisons : qu’ils soient passionnés par ce qu’ils font, qu’ils prennent du plaisir à être sur le terrain. Le reste vient ensuite.