Isabelle Tourrais est arbitre de football depuis désormais 36 ans, et est également responsable opérationnel à la Poste de Poitiers Auxances. Elle nous raconte son double engagement aux services du collectif.
Que vous inspire le slogan suivant : « l’arbitrage se conjugue au féminin » ?
L’arbitrage est l’affaire de toutes et tous, ce qui compte c’est la personne qui officie, que ce soit un homme ou une femme, pas de distinguo…..
Qu’est-ce qui a changé dans les mentalités depuis votre arrivée ?
Depuis mon arrivée dans l’arbitrage en 1987, on peut dire qu’il y a moins de préjugés sexistes. Nous sommes mieux intégrées au sein de nos Commission des Arbitres (CDA) et auprès de nos collègues arbitres, ainsi qu’auprès des joueurs.
Vous êtes amenée à arbitrer des hommes et des femmes. Qu’est-ce qui est le plus difficile ?
J’ai toujours eu plus de plaisir à arbitrer les hommes car ils me permettent de me surpasser et de me dépasser. C’est le jeu des garçons qui m’a fait grandir et devenir ce que je suis et qui me motive à rester sur les terrains.
Devenir arbitre est-il un moyen de vous accomplir professionnellement et personnellement ?
Je suis arbitre depuis 36 ans et dans ma vie professionnelle comme personnelle, j’en fais quelque chose de positif, passionnant, d’attractif. Toujours être dans une dynamique, c’est ma nature.
J’aime la compétition et en osant l’aventure arbitrale, j’ai appris l’humilité, la probité, l’adaptabilité, l’impartialité et la maîtrise de soi. Tout est lié entre ma vie pro, perso et sportive. Mon engagement et mes valeurs qui m’ont permis de pouvoir manager des équipes de foot depuis des années, me permettent à ce jour de manager ma propre équipe en tant que responsable opérationnelle à La Poste. L’arbitrage m’a permis de grandir plus vite en maturité, et surtout de m’affirmer encore plus !
Comment votre passion pour l’arbitrage est-elle née ?
Je suis devenue arbitre car je suis une personne engagée, vraie, perspicace et qui veut donner aux autres.
Mon coach de l’époque a vu en moi du potentiel et m’a proposé de devenir arbitre. J’aime généralement relever les défis qui me sont proposés. Cela m’a fait sourire et j’ai pris cela comme une mission.
Quels conseils donneriez-vous à celles qui n’osent pas franchir le pas et prendre le sifflet ?
Si je devais donner un conseil à toutes les jeunes femmes, ou aux femmes pour débuter dans l’arbitrage, ce serait qu’il n’y a pas de profil particulier, si ce n’est d’être passionnée, motivée, se mettre au service du jeu, avoir des convictions, savoir encaisser, avoir de l’humilité et du courage.
Quels sont vos prochains objectifs et vos axes de perfectionnement ?
Je ne suis pas d’une première jeunesse mais je n’ai peur de rien, je remets mon titre d’arbitre en jeu chaque année, que je monte ou descende de catégorie, je suis et reste dans la compétition, et je démontre chaque jour que la volonté est encore présente et que j’ai encore ma place.
Vous êtes en parallèle de votre activité d’arbitre salariée par La Poste. Quel est votre rôle au sein de l’entreprise ?
Je suis Responsable Opérationnelle et comme pour l’arbitrage, j’ai dû beaucoup travailler pour avoir mon poste.
L’arbitrage me permet d’accompagner mon équipe, de leur permettre d’être autonome sans oublier les règleset d’avoir une cohésion de groupe. Je suis à leur écoute. Il y a des enjeux comme dans le sport : « Comment réussir les challenges qui sont proposés par l’entreprise » / «Comment réussir à amener les équipes à se concentrer et à vouloir gagner».
Quel regard portent vos collègues sur votre passion ?
Mes collègues sont étonnés, intrigués, surpris, amusés, me trouvent courageuse du haut de mes 1m50. Et quand ils apprennent à me connaître ou me voient sur les terrains, ils savent que je suis vraiment à ma place dans ce sport !
Est-ce qu’on peut dire que vous jouez pour le maillot quand vous arbitrez ?
(Comme un joueur qui a l’écusson du club sur le maillot, vous avez celui de La Poste)
Quand j’arbitre avec mes écussons la Poste, je sais que je dois véhiculer les valeurs de l’entreprise et cela passe par mon image, mon comportement et je pense que je le rends bien à mon club, à mon district de football et encore plus à La Poste ! Je dois être et rester exemplaire ! Après 36 ans, je suis toujours sur les terrains et ce n’est pas pour rien !