Eric, vous avez été désigné arbitre vidéo du match Angleterre – Italie sur ce Tournoi des 6 nations 2023. Comment prépare-t-on un match de la sorte ?
Depuis l’été 2021 😊. C’est en effet à cette date que World Rugby a constitué le groupe des officiels de matches qui officieront sur les rencontres internationales jusqu’en 2023. C’est dans ce groupe que seront sélectionnés les Arbitres, Arbitres Assistants et TMO pour la coupe du monde 2023 en France. Donc depuis 2021, World rugby organise des stages réguliers au cours desquels sont affinés les directives et les rôles de chacun des acteurs afin d’obtenir une cohérence d’arbitrage de chaque individu mais également et surtout de la part du groupe tout entier.
Dans les jours qui précèdent la rencontre, l’équipe de 4 affine son approche sur le match, revoit les équipes en présence et envisage différents scénarii possible pour les moments clés et les possibles challenges que nous allons rencontrer.
Quel est exactement le rôle d’un arbitre vidéo sur le tournoi ?
Selon le protocole édité par World Rugby, le rôle du TMO est de soutenir et de permettre à l’équipe terrain de prendre des décisions meilleures et plus précises lorsque les circonstances l’exigent. Je trouve que c’est un très bon résumé de la fonction qui plus est conforme à l’esprit rugby d’être au soutien de ses partenaires et au service de l’équipe.
Est-ce particulier de ne pas avoir de prise directe avec le terrain, comme un arbitre de touche ou un arbitre de champ ?
C’est le rôle qui veut ça ! Faire partie intégrante de l’équipe de 4 permet de rester en contact par procuration, et puis je vais y faire un tour avant chaque match !
Le jeu s’accélère de plus en plus notamment avec les nouvelles régles, et pourtant le TMO est de plus en plus sollicité, comment l’expliquez-vous ?
Effectivement le jeu va de plus en plus vite et les arbitres doivent prendre des centaines de décisions en quelques fractions de seconde. L’enjeu de la rencontre est également un facteur important et certaines décisions doivent être « sécurisées » par la vidéo sans pour autant couper le rythme de la rencontre. C’est tout l’enjeu du nouveau protocole TMO qui permet des interventions « en off », bien entendu dans un cadre défini.
La pression est-elle plus forte à ce poste ?
Plus forte, je ne pense pas. Elle est différente certainement. Il n’y a déjà pas la dimension physique que requiert le champ. Comme je le disais les arbitres terrains (centraux ou assistants) prennent des centaines de décisions par match, le TMO n’en aura peut-être qu’une ou deux, par contre ces décisions là doivent être les bonnes car le droit à l’erreur est moindre compte tenu de la technologie mise à disposition. Avec le temps on apprend à apprivoiser cette pression.
Pensez-vous que la polyvalence requise permet de casser la routine et de fidéliser les jeunes arbitres ?
je ne suis pas sûr de comprendre la question. Les jeunes arbitres doivent arbitrer ! ils doivent bâtir leur expérience sur le terrain avant tout. L’expérience TMO peut éventuellement s’inscrire dans un cursus de formation et qui sait, offrir des opportunités ultérieures.
Il y a une sorte de revue d’effectif avant la coupe du monde de rugby en France. Avec 4 arbitres français représenté cet hiver, est-ce encourageant ?
Nous sommes effectivement 4 officiels français dans le groupe composé par World Rugby. Matthieu Raynal en tant qu’arbitre de champ, Pierre Brousset et Tual Trainini, en tant qu’arbitres assistants et moi-même en tant que TMO. C’est bien entendu très encouragent ! A titre individuel tout d’abord, c’est l’opportunité de participer aux sélections pour la coupe du monde 2023 qui de plus aura lieu en France. L’enthousiasme, l’ambition et la motivation sont bien présents et je pense pouvoir affirmer que c’est un sentiment partagé par Matthieu, Pierre et Tual.
J’imagine que c’est également très encourageant pour la DTNA. Lors de la coupe du monde 2019 il y avait 4 représentants français. De ces 4 arbitres de haut-niveau, seul Mathieu Raynal est toujours dans le circuit aujourd’hui. Être en capacité d’avoir à nouveau 4 représentants, démontre la « profondeur de banc » de l’arbitrage français. Si on y ajoute les désignations d’officiels français pour la dernière coupe du monde féminine et le tournoi des 6 nations U20 et féminin, je pense que Franck Maciello perçoit ces signes comme étant de bon augure.
Est-ce un accomplissement d’arbitrer dans un stade comme Twickenham, le temple du rugby anglais ?
Chaque stade a son histoire. Avoir la chance d’officier dans l’un des stades mythiques du 6 nations est un privilège et un honneur. Mais c’est vrai que Twickenham revêt pour moi une saveur très particulière car j’ai eu la chance d’y arbitrer au centre une finale des 7 World Series.
Pour autant je ne vous cache pas que l’accomplissement serait d’officier dans l’un des 9 stades retenus pour la coupe du monde entre le 8 septembre et le 28 octobre 2023 😉
Si vous aussi, vous souhaitiez devenir arbitre de rugby, envoyez un mail à jeveuxarbitrer@ffr.fr