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Rencontre avec Pierre Brousset, arbitre international, à la touche du match Irlande-Angleterre du Tournoi des 6 Nations 2023

Qui êtes-vous Pierre Brousset ?

Je suis arbitre en TOP 14 depuis 7 saisons et je suis désigné sur le Tournoi des 6 Nations pour la 2e année consécutive, avec 2 matchs Pays de Galles-Angleterre et Irlande-Angleterre. J’ai 34 ans et j’ai commencé l’arbitrage à 17 ans et demi au Sporting club de Rieumes, au sud de Toulouse.

Comment avez-vous accueilli ces 2 désignations ?

J’ai été très heureux, il y a beaucoup de joie quand on voit apparaître son nom, cela vient confirmer les désignations de la saison passée, celle de la tournée de novembre et évidemment dans une année charnière avec l’objectif de la Coupe du monde en ligne de mire, cette désignation vient valider le travail réalisé depuis plusieurs saisons et ça donne bien entendu de la confiance.

Le temps de jeu effectif est plus important quand même dans le Tournoi des 6 Nations qu’en championnat, est-ce que vous avez une préparation spécifique pour cette compétition ?

Pas vraiment, il faut qu’on soit prêt physiquement durant toute l’année, donc la préparation physique reste la même. L’important c’est d’avoir un équilibre entre récupération et travail physique et dans la partie travail physique, c’est un équilibre entre séance cardio, explosivité, et renforcement musculaire.
Nous sommes suivis à la FFR par notre préparateur physique qui, suite au test physique, nous envoie des programmes chaque semaine. Personnellement, je me sers à la fois de ce qu’il envoi, et également de mes connaissances parce que j’avais fait des études dans le sport. Je me rends également dans une structure à côté de chez moi où je travaille plus spécifiquement l’explosivité. Un gros programme mais qui m’évite de tomber dans une routine.

Est-ce que votre rôle est également d’assurer le spectacle en tant qu’arbitre que ce soit central ou de touche ?

Nous sommes avant tout les garants de la règle, mais aussi facilitateur de jeu et nous devons nous adapter au jeu proposé et si nous pouvons permettre une certaine continuité de la vitesse dans le jeu, ce n’est que mieux pour le spectacle.
Ce qui est intéressant dans notre fonction, c’est l’analyse des rapports de force et possiblement l’avantage. C’est le vrai challenge et c’est ce qui le rend intéressant.
Après si l’arbitre peut se faire oublier au profit du spectacle, ce n’est que mieux pour le match, pour le sport ; Nous sommes avant tout amoureux de ce sport.

Vous avez été sélectionné donc comme arbitre assistant. Est-ce qu’il y a des qualités particulières pour être arbitre de touche ?

Je pense qu’il faut avoir des qualités physiques comme tout arbitre, et il faut les mettre à profit du poste pour être dans un placement optimal qui est différent de notre fonction d’arbitre de centre. Il faut vraiment être focus, être aligné avec les passes, les lignes de hors-jeu donc il faut mettre à profit ses qualités physiques pour être bien placé et donner des bonnes informations.
Ce qui me paraît important, c’est la capacité de support et de challenge de l’arbitre central sur des choses évidentes qu’il n’auraient pas perçu. Parfois, il faut être en capacité d’avoir l’œil qui traîne avec un léger retard sur le ballon, ce qui est à l’opposé de notre rôle en tant qu’arbitre de centre. La difficulté réside peut-être dans ce fait là, d’accepter de regarder parfois autre part, afin de supporter au mieux le collègue au centre.

Vous vous mettez dans un mode « arbitre de touche » quand vous rentrez sur le terrain ou c’est quelque chose que vous faites en amont ?

Quand je prépare le match, je regarde des choses spécifiques à mon rôle notamment sur les zones à surveiller, mais notre travail ne change pas, on connaît les directives, on connaît les attentes. Quand on est arbitre de centre on est leader, et quand on ne l’est pas, nous sommes là pour soutenir l’arbitre de centre.

Est-ce que vous aviez pensé un jour disputer ce tournoi mythique ?

Jamais ! Du tout ! J’ai commencé l’arbitrage par curiosité, dans le but de progresser en tant que joueur.
Petit à petit, je me suis pris au jeu, je me suis de plus en plus intéressé à l’arbitrage, et c’est devenu une véritable passion. A partir de là, je me suis fixé des objectifs, palier par palier.
Il y a quelques années en arrière, je voyais les collègues aller aux 6 nations, mais ça me paraissait loin. Maintenant que c’est réel, les objectifs sont divers, et je mets tout en œuvre pour y rester, pour être performant par rapport à ce qu’on nous demande. C’est un challenge qui est très excitant.

Est-ce que c’est rassurant de pouvoir échanger avec d’autres arbitres tricolores qui sont engagés dans le tournoi ?

Oui, ça facilite l’approche, ça permet d’échanger sur des situations qui auraient pu ou qui peuvent être potentiellement complexes, ou alors des mauvaises expériences qu’on aurait vécues. Je me souviens l’an dernier, pour mon premier tournoi, d’un partage d’expérience avec Mathieu Raynal qui m’a permis d’aborder l’événement avec plus de sérénité.
Après, quelle que soit l’équipe, quel que soit le pays d’origine, on connaît tous les directives et les attentes. Les différents stages que l’on fait avec World Rugby nous permettent de travailler dans la continuité, d’être aligné entre nous.
Le fait de se retrouver régulièrement permet aussi de créer des relations avec les arbitres d’autres pays et des relations plutôt positives.

Tu as quelque part dans un coin de ta tête, la Coupe du monde ?

Je ne peux pas le cacher bien sûr, je suis rentré dans le groupe depuis quelques temps et j’ai participé aux différentes Tournées des 6 Nations, mais il ne faut pas que ça soit le seul objectif en tête. L’objectif prioritaire c’est tout d’abord prendre du plaisir sur chaque désignation et surtout être prêt et performant match après match. Si je commence à penser trop loin, je peux passer à côté de quelque chose, donc le but c’est d’être performant au quotidien, de travailler au quotidien, de se remettre en question, et d’aborder tous les événements avec le même enthousiasme.

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