A l’occasion de la journée internationale de la femme, ce mercredi 8 mars, nous sommes allés à la rencontre des proches des arbitres féminines, qui vivent leur passion avec elle.
Aurélie Labadot Cadinot officie aujourd’hui en fédérale féminine 2. Baignée dans l’univers du foot depuis toute petite, cette jeune femme de 32 ans s’est découverte une passion, celle de l’arbitrage. Patrick, son mari et Carine, sa maman, nous en dressent son portrait.
– Comment vivez-vous la passion d’Aurélie pour l’arbitrage ?
Patrick : Nous partageons la même passion. J’étais arbitre avant elle et quand on s’est rencontrés, elle a pris goût à l’arbitrage. Aurélie a évolué plus vite que moi, elle avait plus de capacités et une meilleure personnalité pour arbitrer. Au début, j’étais un peu son coach et puis l’élève a vite dépassé le petit maître que j’étais (rire). Je suis fier de ma femme et de son niveau.
Carine : Je suis impressionnée… L’arbitrage lui correspond. Aurélie a toujours été sportive. Elle suivait tout le temps son père au foot depuis bébé ; elle était baignée dedans. Mais je ne l’imaginais pas devenir arbitre, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Dès que l’ai vue sur le terrain, j’ai su qu’elle était faite pour ça.
– Justement, comment se sont passés ses débuts en tant qu’arbitre ?
Patrick : J’étais vraiment stressé (rire) ! Les premiers matchs, c’est pareil pour tout le monde, on tâtonne, on découvre un nouveau monde et on essaye de faire au mieux. Je me souviens que je vivais le match en même temps qu’elle dans les tribunes, c’était comme si j’étais sur le terrain : je mimais les gestes, je parlais… Cela faisait beaucoup rire son père et sa mère !
Carine : Et moi j’étais effrayée ! Elle était toute jeune, même pas vingt ans donc la voir dans ce monde très masculin, ça me faisait un peu peur. Mais si vous saviez l’effet que ça m’a fait de la voir dès son premier match arbitrer avec autant d’aplomb… J’ai compris que ma fille était capable d’assumer ce rôle.
– Pensez-vous que le regard des joueurs et des supporters était-il différent du fait qu’elle soit une femme ?
Pascal : Au début oui. Le problème au niveau district, ce sont les réactions parfois sexistes et injustifiées des supporters. Aurélie a toujours bien réagi. Elle a cette faculté à se mettre dans sa bulle et à rester concentrée sur ses priorités d’arbitre. Pour moi, ces réflexions étaient plus bêtes que méchantes ; beaucoup parlent sans comprendre vraiment les règles sachant qu’elles évoluent tous les ans.
Carine : La différence pour une femme, c’est qu’elle doit faire encore plus ses preuves qu’un homme. Toujours. Se faire respecter en tant qu’arbitre pour une femme demande encore plus d’efforts et de résultats, surtout au début.
– Quelles sont les qualités et les défauts d’Aurélie en matière d’arbitrage ?
Pascal : Aurélie c’est une arbitre responsable, attentive et avec un très bon jugement en temps réel. Ses défauts, c’est le fait d’être parfois un peu têtue et… bavarde ! Son côté passionné et altruiste peut-être parfois mal perçu, principalement au haut-niveau qui demande à l’arbitre une certaine discrétion. Et dans la vie, Aurélie est la même personne que sur un terrain, elle ne change pas sa personnalité ni son arbitrage pour qui que ce soit.
Carine : Ma fille est vive, dynamique, souriante… c’est un feu follet (rire) ! Sur le terrain, elle est différente. C’est comme si elle portait une sorte de masque. Une fois qu’elle enfile sa tenue d’arbitre, Aurélie s’investit totalement dans son rôle. Quand je la vois vérifier les crampons des joueurs avec un extrême sérieux, en tant que maman, je trouve cela attendrissant.
– Quel est votre avis sur l’arbitrage féminin ?
Pascal : Honnêtement, je trouve qu’il n’y a pas assez de femme arbitre en haut niveau, comme dans le sport féminin d’ailleurs. Cela a vraiment du mal à se démocratiser, c’est difficile de leur enlever leurs étiquettes de femmes aux fourneaux ou au ménage…
Carine : Il y a une évolution mais elle est trop lente. Malgré les médias, on est encore à l’âge de pierre dans ce domaine, c’est dommage ! Mon seul conseil pour ma fille : persévère.