A 46 ans, cette assistante médicale et mère de famille nous fait part de son parcours dans le monde des arbitres féminins de Basket !
Tous arbitres : Pouvez-vous nous parlez de votre parcours dans l’arbitrage ? Comment y êtes-vous venue ?
Christine Guitard : Je suis venue à l’arbitrage pour accompagner une copine qui préparait sa retraite de joueuse et voulait devenir arbitre. Je n’étais pas sure d’aimer et de vouloir le devenir. Je suis allée au stage, suivi l’école d’arbitrage que nous proposait notre club de l’époque et ai passé l’examen avec succès en 2002. La saison d’après j’ai sifflé directement en jeune région et après les saisons suivantes je suis montée de niveau jusqu’en 2007 où j’ai intégré le championnat de France (CF2 niveau NF3-NF2-NF1-NM3-CADETS ET CADETTES poule 1).
Au cours de la saison 2008/2009, je découvre également le basket fauteuil et je deviens arbitre également de cette discipline au niveau nationale 2 et depuis cette saison 2012/2013 niveau nationale C.
Tous Arbitres : Faites-vous la différence entre un arbitrage de joueurs masculins ou féminins ?
CG : Normalement au niveau règlement non il est le même que ce soit jeu masculin ou féminin, moi j’ai tendance à dire même règlement à tous niveaux et pour tous et toutes mais nous avons tendance à laisser jouer avec plus de contacts, de duels en jeu intérieur sur les matchs masculins
Tous Arbitres : Vous souvenez-vous de votre 1er match en tant qu’officiel et pouvez-vous nous décrire les souvenirs qu’il vous en reste ?
CG : C’était ma première saison en tant qu’officiel 2002/2003, c’était un match de benjamines région, moi qui débutait c’était un niveau important dans mon futur club (semussac dans le dpt 17), j’avais peur, les mains moites, le cœur battant, pas confiance en moi et tout compte fait, cela s’est bien passé et m’a donné envie de continuer dans cette voie.
Et ce premier match reste gravé dans ma mémoire à jamais.
Tous Arbitres : Pensez-vous qu’aujourd’hui il soit plus difficile pour une femme d’officier sur des rencontres masculines ?
CG : Non, il n’est pas plus difficile au niveau règlement, par contre sur le terrain c’est différent c’est plus physique donc cela demande une bonne condition physique, de la maturité, de la confiance en soi, forcer le respect des joueurs qui peuvent penser une femme donc fragile, ne jamais laisser paraitre faiblesse, leur parler basket
Tous Arbitres : Quel a été votre meilleur souvenir d’arbitrage ?
CG : En tant qu’arbitre valide mon premier match en championnat de France, c’était en NF3 ASPTT LA ROCHELLE (17) et un match la même saison en échange de zone en NM3 dans le lot et Garonne à LAYRAC contre OLORON STE MARIE salle archi pleine, dernier match de saison important pour le classement avec une super collègue Carole DESCAMPS qui a arrêté depuis l’arbitrage quel dommage !!! En étant arbitre de basket fauteuil un très beau souvenir également juin 2011, Ile de la Réunion où je suis allée siffler les finales de Nationale 2.
Tous Arbitres : Comment impose-t-on son autorité lorsque l’on est une femme dans un sport pratiqué en grande majorité par des hommes ?
CG : A commencer par le respect des autres, joueurs, entraineurs, officiels de table, collègue arbitre, de la cohérence du début à la fin de la rencontre, un respect du règlement, de l’autorité bien placée et surtout le plaisir, le partage et l’amour de ce que nous faisons le pourquoi nous sommes sur le terrain , du dialogue, de l’échange, de la simplicité et j’avouerai un peu de charme et un sourire.
Tous Arbitres : Comment réagissent les hommes lorsque vous arrivez sur le terrain et qu’ils découvrent que l’arbitre est une femme ?
CG : Honnêtement je ne fais pas vraiment attention, je salue les entraineurs, je fais un signe de salut aux joueurs , après sur le terrain avec certains joueurs il peut se passer un jeu de séduction surtout sur les décisions d’arbitrage mais franchement je ne peux répondre en détail à cette question car pour eux quand ils jouent ils sont dans leur jeu et que l’on soit une femme ou un homme, s’ils sont contre la décision, ils contestent et il n’y a pas de manière différente de leur part de s’adresser « aux gris » comme ils nous appellent.
Tous Arbitres : Quels sont vos projets concernant l’arbitrage ?
CG : Vu mon âge, je dirais que ma carrière est plus derrière moi que devant, le seul désir que j’aurai c’est de pouvoir continuer encore deux saisons en championnat de France et après au niveau valide terminer tranquillement au niveau région et département ce que j’aime faire « siffler », le seul regret que j’ai c’est de ne pas avoir commencé plus tôt l’arbitrage car au fil des années c’est devenue une vraie passion.
Continuer à partager ma passion avec les jeunes et les moins jeunes qui se lancent dans l’arbitrage.
Tous Arbitres : Le management sportif en tant qu’arbitre ? Vos challenges ?
CG : Je n’ai pas de challenges par contre j’espère pouvoir garder la passion de l’arbitrage et continuer comme je le fais depuis déjà une dizaine d’années former des arbitres, partager mes connaissances et mon expérience au sein de mon Comité 17 dont je suis élue, de ma CDO (17) dont je suis la responsable formation arbitres, et ma CRO (Ligue Poitou Charentes) dont j’encadre des stages dont celui stage ligue féminin depuis 2 ans.
Tous Arbitres : Est-il parfois difficile de concilier l’activité d’arbitre et la vie de famille ?
CG : Oui difficile car les we plus souvent sur la route et dans les gymnases qu’à la maison ou en famille, plus beaucoup de vie sociale car les soirées nous les passons sur les terrains bon des fois il est bon de se mettre indisponible pour un we et profiter de la famille, des amis mais en tant qu’arbitre nous avons quand même des contraintes, des stages, des réunions, il faut faire des concessions et des fois faire des deals avec son conjoint, ses enfants. Moi j’ai de la chance mon mari est très souvent avec moi, il m’accompagne, a les rôles de chauffeur, garde du corps, évaluateur (me fait un débriefing de mon match dans la voiture) et mes filles qui partagent également la passion du ballon orange, bon l’aînée Fiona a été par la force des études obligée d’arrêter mais sa petite sœur Mallaury a pris le relais et joue en région et a déjà goûté à l’arbitrage une saison en stagiaire et je ne désespère pas lui passer le virus d’ici quelques années.