A l’occasion de la journée internationale de la femme, ce mercredi 8 mars, nous sommes allés à la rencontre des proches des arbitres féminines, qui vivent leur passion avec elle.
C’est la première et seule femme à arbitrer au niveau professionnel, en ProD2. A 45 ans, le parcours de Christine Hanizet, policière municipale à Revel dans le civil, est un modèle pour beaucoup. Son conjoint, Benoit Croux, nous raconte le quotidien de Christine et ses efforts fournis pour être toujours à la hauteur.
– Comment vivez-vous la passion de votre compagne pour l’arbitrage ?
J’accompagne Christine le plus possible. On fait parfois les entraînements ensemble, je l’assiste dans ses séances, pendant les matchs je prends des notes sur sa prestation et le soir on débriefe ensemble… Mais je ne suis pas son coach, Christine a un vrai coach avec elle, expert en rugby. Mon rôle, c’est de la rassurer, de l’encourager et de lui remonter le moral quand elle a en a besoin.
– Cette passion nécessite-t-elle une organisation spécifique au quotidien ?
Cette passion demande une grosse organisation, c’est certain. Nous avons tous les deux un travail prenant *. Christine s’entraîne trois à quatre fois par semaine soit entre midi et deux, soit le soir. Je l’aide à préparer, à mettre en place le matériel. Les week-ends, c’est match à préparer et à arbitrer. Dès que je peux, j’essaye d’être son chauffeur pour la soulager de la route. Et le dimanche soir ce n’est pas fini ! Visionnage des vidéos, débriefing… C’est tout un environnement!
– Qu’est-ce-que cela vous fait d’être avec la première arbitre professionnelle ?
Je suis très fier d’elle bien sûr mais je prends cela de manière naturelle. Christine est toujours une arbitre performante et très régulière ; elle n’est jamais passée à côté d’un match. Quand je la vois sur le terrain, je suis heureux de la voir accomplir sa passion.
– Pensez-vous que le regard des joueurs et des supporters est-il différent du fait qu’elle soit une femme ?
Avec les joueurs, c’est un avantage, un facteur d’apaisement. Elle sent le jeu sans jamais avoir pratiqué. Après, c’est aussi parce qu’elle maîtrise parfaitement les règles et qu’elle a une super forme physique qu’elle est une arbitre légitime. Son seul défaut, c’est qu’elle est trop dure avec elle-même. Christine est trop perfectionniste et culpabilise quand elle ne suit pas son programme à la lettre.
– Que pensez-vous de votre femme quand vous la voyez sur le terrain ? Est-elle différente en dehors ?
Pour moi, la force d’un arbitre ou d’un joueur c’est qu’il ne soit pas différent sur un terrain et dans la vie de tous les jours. Christine est exactement la même personne, aussi souriante (rire).
– Christine a 45 ans, âge limite pour être arbitre pro. Abordez-vous ce sujet avec elle?
On en parle beaucoup. Elle a des projets dans le rugby qui lui permettraient de garder un pied dans l’arbitrage : superviser des arbitres et développer le rugby féminin. Il y aura aussi une continuité sportive avec des marathons par exemple. Pour nous, le sport c’est le bien-être. Après, si demain on lui propose de signer pour une année de plus, c’est certain, elle dira oui (rire) !
– Quel est votre avis sur l’arbitrage féminin ?
En rugby pro, après Christine, c’est vide. Au niveau fédéral, ce n’est pas beaucoup mieux. Donc il y a un vrai travail à faire même si je sais que ce n’est pas facile. L’arbitrage demande des conditions physiques parfaites et une maîtrise des règles irréprochable. Je pense qu’il faut encore plus accompagner les femmes qui aspirent à arbitrer. Si Christine avait été coachée plus tôt, je pense qu’elle officierait aujourd’hui en Top 14.
* Benoit Croux est Directeur général des services pour la ville de Revel
©photo Benoit Croux / Christine Hanizet