Sébastien Moreira est à la fois responsable communication opérationnelle Lorraine Sud au sein de la Branche Services-Courrier-Colis, et arbitre international, évoluant en Ligue 1, et en tant qu’arbitre assistant vidéo. Une vie bien remplie au service des autres.
Comment es-tu devenu arbitre ?
C’est rare qu’un jeune devienne arbitre par vocation. Il faut savoir que les clubs ont l’obligation de fournir un quota d’arbitres dans leurs effectifs. Je me suis vite pris au jeu quand l’occasion s’est présentée. Ensuite, c’est comme le permis de conduire. Il y a une partie théorique : il faut assimiler les 17 lois du jeu. Puis vient la pratique. Un réseau de commissions et de formateurs exceptionnels détecte les jeunes arbitres et leur permet d’évoluer au niveau régional, puis fédéral et ainsi de suite. C’est un métier à part entière, qui s’est professionnalisé ces dernières années. Beaucoup d’entraînements physiques pour tenir les 13 km parcourus par match, beaucoup de réunions, de formations et bilans sur Clairefontaine, des analyses vidéo, sans compter les matchs.
Tu es spécialisé dans la vidéo-assistance depuis 2018 (VAR), comment fonctionne cette nouvelle technologie ?
Nous écrivons une nouvelle ère dans l’arbitrage avec l’apparition de la vidéo, c’est excitant. Une nouvelle façon d’arbitrer et de rendre la justice, un outil qui sera emmené à évoluer. Les arbitres étaient les seuls à ne pas avoir accès aux images lors des matchs. Nous sommes mis au même niveau que tout le monde.
Concrètement, la VAR intervient sur trois incidents principaux, identifiés comme pouvant changer le cours d’un match : les buts marqués, les situations de penalty, les situations de carton rouge direct. Se rajoute les problèmes d’identification des joueurs. Toutes les situations entrant dans ce protocole, qu’elles soient identifiées ou non, font l’objet d’un contrôle d’images, très rapidement. L’arbitre central peut solliciter une analyse, et parfois, ce sont les assistants qui le suggèrent à l’arbitre central. Les arbitres vidéo envoient les images au central. N’oublions pas qu’il s’agit d’assistance. L’arbitre central reste celui qui décide. Il ne faut surtout pas prendre sa place ou réinterpréter les matchs. Il y a parfois encore un manque de communication mais nous y travaillons.
Quel est ton ou tes plus beaux souvenirs en tant qu’arbitre de champ ? Des anecdotes à partager ?
Parmi mes meilleurs souvenirs figurent mon premier match de Ligue 1, Monaco-Lorient le 22 août 2009 et le dernier en tant qu’arbitre central, Saint Etienne-Bordeaux en mai 2018. Mais aussi toutes les rencontres et voyages que j’ai pu faire grâce à l’arbitrage : un match de Coupe de France à Nouméa, des rencontres à Bakou, Belfast ou Belgrade ; les ambiances des stades, à Lens, le Chaudron, le Parc des Princes, le Vélodrome…
Une anecdote sympa, la fois où j’ai demandé à Zlatan Ibrahimovic de me faire confiance sur une décision que je venais de prendre. Comme il est particulièrement imposant physiquement et qu’il sait jouer des caméras, la confrontation directe est inutile. Je lui ai donc chuchoté au creux de l’oreille et il m’a dit « Pas de problème ». Il devait être dans un bon jour.
Je citerai aussi un PSG-Montpellier où j’ai pu instaurer une belle complicité avec les deux capitaines, Thiago Silva et Vitorino Hilton. J’ai la chance de parler portugais, ce qui facilite les choses avec les Brésiliens. Nous avons échangé tout le match en portugais. Les autres joueurs devaient se demander ce qu’on racontait !
Avec « Tous arbitres », La Poste soutient l’arbitrage et les valeurs qu’il véhicule. Quelles sont celles qui te tiennent à cœur ?
Il y a trois valeurs que je souhaite mettre en avant à la fois comme arbitre et comme postier : l’équité, la proximité et le sens du service. L’équité parce qu’il faut savoir s’adapter et s’engager à répondre avec une égale attention à chaque joueur et chaque équipe. La proximité consiste à savoir écouter, considérer, dialoguer, respecter – pour se faire respecter – et être disponible. C’est primordial. Enfin, le sens du service : il faut savoir se mettre au service du football, du spectacle.
Je tiens à dire que l’arbitrage est une très belle école de la vie, qui m’a beaucoup apporté. Ce que j’y ai appris, j’essaie de le rendre au quotidien. La vie d’arbitre est très intense. La Poste et mes managers m’ont toujours aidé à trouver l’équilibre avec mes fonctions sportives. Je leur en suis très reconnaissant.
Les éléments clés du parcours
- 1992 : Nomination comme arbitre de foot à Belfort à l’âge de 15 ans
- 1996 : Arbitre fédéral
- 2000 : Arbitre de la Fédération
- 2006 : Arbitre du secteur professionnel
- Août 2009 : 1er match de Ligue 1
- Mai 2018 : dernier match de ligue 1 comme arbitre de champ
- Juin 2018 : arbitre assistant vidéo